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précipitamment vidé la coupe refusée par Meneh-Ouiakon :

— Ouennokedjâ[1], chante-nous le chant de Pontiac.

— Oui, le chant de Pontiac ! dirent plusieurs Apôtres.

Cette demande changea sans doute les dispositions de l’Indienne, car l’expression méprisante, de sa physionomie fit place à un fin sourire ; et, soulevant à la hauteur de la tête sa main gauche, au poignet de laquelle était attaché par une cordelette en écorce un tambourin, assez semblable à un tambour de basque, elle fit résonner les coquilles et becs d’oiseaux suspendus autour en guise de plaques de cuivre, et dit, sur un ton rhythmique, tantôt élevé et hautain comme l’allocution d’un sachem à ses guerriers, tantôt doux et tendre comme la prière d’un amant à sa maîtresse :


« Gloire au plus noble, au plus vaillant de mes aïeux, gloire à Pontiac ! Le coup-d’œil de l’aigle était le sien. Plus fine que celle de la wolverine il avait l’oreille. Dans ses membres régnait la force des bisons ; dans son esprit séjournait l’habileté des grands sagamos. Suave comme le miel pour ses amis, sa parole retentissait comme le tonnerre quand il s’adressait à un ennemi.

  1. Terme naodessis : il signifie femme. C’est ainsi que les Indiens du Lac supérieur apostrophent les squaws. Rarement les appellent-ils par leur nom propre.