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Il y avait là un de ces rares, un de ces puissants sujets de peinture qui firent la joie et la gloire du chef de l’école hollandaise. Grand cadre, fantastique distribution d’ombre et de lumière ; personnages étranges, aussi saisissants par la sauvage expression de leur mine que par la forme, la couleur et la matière de leur accoutrement ; la scène, enfin, se fût à jamais gravée dans le cerveau d’un artiste.

Quelle scène !

Montrerai-je ces gens ivres d’alcool, enflammés de désirs sensuels, qui sommeillent accoudés sur la table, ou bredouillent quelque sale refrain, ou, l’haleine brûlante, les doigts et les prunelles avides, fourragent brutalement les charmes grossiers de leurs maîtresses ! Les esquisserai-je, elles aussi, ces Indiennes, débraillées, demi-nues, mendiant à l’envi les dégoûtantes caresses du maître ? Me faudra-t-il faire entendre les conversations immondes, ou le retentissement des lèvres qui se collent sur les chairs palpitantes, mêlés au bruit écœurant des hoquets ? À quoi bon ! le théâtre, les décors, les acteurs sont suffisamment indiqués, continuons plutôt notre récit.

L’entrée de Meneh-Ouiakon fut accueillie par des hourrahs formidables, qui réveillèrent les dormeurs.

Chacun des Apôtres prit une posture plus décente, et les squaws réparèrent à la hâte le désordre de leur toilette.