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doute pour les servir que pour en recevoir un os à demi rongé ou un coup d’eau-de-feu.

Toutefois, elles ne sont pas assises à la table, — c’est un honneur inconnu aux femmes dans le Far-West, — elles se tiennent respectueusement debout.

Seul, le capitaine n’est pas environné de femmes. Il a placé Dubreuil auprès de lui ; une vieille squaw leur passe les aliments qu’ils désirent et leur verse à boire.

Pendant une demi-heure, on n’entend que le cliquetis des mâchoires, entrecoupé de quelques jurons énergiques à l’adresse des Indiennes qui se chamaillent, ou des hurlements d’une douzaine de chiens qui disputent à ces dernières les miettes du festin ; mais, pendant cette demi-heure, les Apôtres et leur famélique suite ont englouti tout ce qui était matière mangeable.

Sur la table il ne reste plus que les cruches de grès à demi vides. Le Mangeux-d’Hommes se tourne vers sa squaw et lui dit :

— Maggy, sorcière du diable, enlève les couteaux !

Chaque Apôtre remet alors son couteau à la vieille Indienne, car l’orgie va commencer, pantelante, échevelée, lubrique, ignoble, et il serait à craindre que ses coryphées ne s’entredéchirassent s’ils conservaient à leur portée des armes d’aucune sorte.

— Par le Christ ! mon frère aîné, braille Jésus qu’excitent les fumées de l’alcool, après avoir empli de whisky son gobelet, je bois, camarades, au succès qui a couronné