Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/123

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Où êtes-vous donc né ?

— Ah ! bourgeois, répondit en riant le bandit, c’est une question que j’ai oublié de faire à ma mère.

— Mais vos parents ?

— Mes parents ! est-ce que j’en ai connu, des parents, moi !

— Pauvre misérable ! fit Adrien avec compassion.

— Pauvre, moi ! s’écria Thomas. À d’autres, bourgeois ! Les Apôtres sont tous riches, plus riches que les facteurs de la compagnie de la baie d’Hudson. Pour ma part, j’ai cinq femmes !

— Cinq femmes !

— Cinq, et aussi bien huppées que celles de qui que ce soit, je m’en flatte. Quand vous les aurez vues, vous m’en direz des nouvelles.

— Où sont-elles donc ? demanda Dubreuil, se figurant que Thomas délirait ou voulait se moquer de lui.

— Où elles sont ? pas loin d’ici.

— Vous plaisantez.

— Puisque le bateau ne marche plus, c’est que nous sommes arrivés. Entendez-vous ce vacarme là-haut ? on décharge la cargaison.

— Mais arrivés en quel endroit ?

— Dans nos îles, les îles des Douze Apôtres, bourgeois, et vous pourrez vous vanter d’être le premier philistin qui y soit entré vivant, depuis que nous les habitons. Faut que vous ayez fièrement donné dans l’œil au capi-