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ressort. Chose étrange, cependant ! avec l’apparence d’un tempérament fiévreux, excitable au possible, il était généralement froid, d’une irritante impassibilité.

Son costume différait peu de celui des autres aventuriers : seulement la nuance du capot, plus foncée, tirait sur le gris de fer.

À son casque on remarquait une cocarde verte, symbole de son grade, et sans doute aussi en souvenir de l’Irlande où il « avait reçu la naissance, » suivant son expression.

Judas était le lieutenant de Jésus, le Mangeux-d’Hommes, commandant des Douze Apôtres : ainsi s’intitulait fièrement la bande dont nous venons d’esquisser le tableau.

Ce titre, elle l’avait emprunté au lieu même qui lui servait de repaire : les îles des Douze Apôtres, situées dans le lac Supérieur, près de son extrémité occidentale.

C’est un archipel, couvert de sombres forêts de pins, du haut des rochers duquel la vue embrasse un horizon immense, et assez rapproché de la terre ferme pour qu’un canot y puisse aborder en quelques heures.

Sur la plus grande des îles, les Français établirent, — il y a bien des années déjà, — un poste pour la traite des pelleteries. Appelé La Pointe, parce qu’il s’élève au bout même de l’île, ce poste a conservé son nom, quoiqu’il soit devenu, depuis le siècle dernier, la propriété des Anglo-Saxons.

Une compagnie de commerçants américains le possède aujourd’hui, et y fait des échanges considérables avec les