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Noir opaque comme le métal, profond comme l’immensité, lourd comme l’inconnu.

Pas un rayon de lune, pas un scintillement d’étoile, mais, seulement, autour de la Mouette, un miroitement d’eau lugubre, produit par la clarté des lanternes, des torches, et qui ajoutait encore à l’horreur des ténèbres environnantes.

Quel drame au milieu de la zone lumineuse !

Le Mangeux-d’Hommes, en son sanglant appareil, est le héros principal. Il domine tout de sa taille et de sa beauté satanique. Sur lui aussi tous les yeux sont tournés : ses gens, dignes serviteurs d’un tel maître, attendent des ordres ; ses captifs attendent une sentence qui, trop tôt pour eux, hélas ! tombera de sa bouche.

Mais il sait être si grand, si majestueux dans son maintien, ce capitaine de brigands, qu’Adrien Dubreuil ne le contemple pas sans une sorte d’admiration craintive.

Combien d’exécrables criminels à qui il n’a manqué que les circonstances et un théâtre convenable pour être glorifiés par la majorité des hommes !

— Allons, l’Écorché, à l’œuvre ! clama Jésus de sa voix foudroyante.

— Faut-il commencer par les vivants, ou par les morts ? répondit Judas.

— Par les morts, ça préparera les autres. Passe-moi le capitaine.

— Voici, reprit l’Écorché, en tendant à son chef le ca-