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vait remplacer l’existence de province opulente et paisible que son père avait voulu lui assurer. Il arrive ainsi que le malheur nous jette, d’une grande secousse, dans notre véritable voie.

Malgré la beauté de son site, de sa cathédrale gothique dressée au bord du Rhône, de ses coteaux verts d’où le regard va chercher les Alpes, au fond de la grande plaine où roule le fleuve, Vienne resta étranger à la très jeune femme qui regrettait son cher entourage familial.

Dans une des rues silencieuses de la petite ville, où les vieux monuments mettent une grandeur sévère, la maison qu’elle habitait était enclose en un vaste jardin dont la solitude pesait lourdement à sa vive nature. On parlait beaucoup à Vienne de cette nouvelle mariée, si distinguée ; des amitiés qui plus tard comptèrent parmi les meilleures de sa vie, eussent pu, dès lors, y entrer. Mais son mari, très absorbé par ses préoccupations