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nul ne faisait cas. Dès qu’elle sut lire, les Fées de Mme d’Aulnoy, de Perrault, de Mme le Prince de Beaumont, lui devinrent amies ; elle ne se lassait pas de répéter à son frère les contes qui la charmaient, en les brodant de variantes dont son cerveau n’était jamais à court. Mais, insatiable de lecture, elle demanda un jour au maître d’école s’il n’aurait rien d’amusant à lui prêter. M. Simon découvrit dans la bibliothèque scolaire « un volume fort crasseux auquel les rats avaient dérobé plusieurs pages. C’était l’Odyssée, qui marqua une ère nouvelle dans la petite vie de mon intelligence à peine éveillée ». Thérèse, familiarisée déjà avec l’histoire grecque par les Récits de Lamé Fleury, alors aux mains de tous les enfants, sut bientôt par cœur le Divin Homère, traduit deux siècles plus tôt par la savante Mme Dacier, tout exprès pour le bonheur de cette jeune enthousiaste. Le Cyclope la fit rire aux larmes ; elle s’éprit