Page:Chevalier - Madame Th Bentzon.djvu/160

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chef-d’œuvre d’exquise mélancolie, renferme, en quelques pages, l’histoire de deux destinées manquées. On y lit ces mots : « En donnant de nous-mêmes aux autres le plus possible et sans mesure, nous sommes toujours certains de faire notre devoir. C’est aussi peut-être le meilleur moyen de rendre notre vie supportable[1] ».

Sa propre vie mettait en action, ce qui est rare, cet enseignement de sa plume. Mais cela n’allait pas sans ébranler tout son être fragile. En 1902, elle revint à son désir de s’éloigner un peu de ce Paris qui dévorait son temps et ses forces. On lui indiqua un pensionnat de Meudon, recevant quelques dames dans un joli chalet au milieu de son parc. Mme Bentzon y passa d’abord les mois d’été et d’automne. « Je bénis Meudon (écrit-elle), ses grands ombrages, sa petite

  1. Au-dessus de l’abîme.