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LES VOYAGEUSES ANGLAISES

mission, et ils revinrent, eux aussi, charmés de ce qu’ils avaient vu. Et ces bons Pères sont si simples, si désireux de faire le bien, si hospitaliers ! Tout le monde fait leur éloge, celui de la mission et de leurs œuvres. Je crois que des collégiens comme vous n’auraient que trop apprécié les excellentes friandises que nous servit le frère cuisinier, des gâteaux, des sucreries sans pareilles. Leur frugalité et leur sévérité pour eux-mêmes ne les empêche pas d’être prodigues envers leurs visiteurs.

« Le soir après notre souper, entre sept et huit heures, nous portâmes nos chaises dans la cour pour jouir d’un beau clair d’étoiles, et, à ma demande, les enfants jouèrent et chantèrent de nouveau, moins longtemps que je n’aurais voulu, de peur de faire coucher trop tard ces petits personnages. Mais c’était charmant, et nous eûmes pour conclusion une belle pluie de dragées. Ils partirent en troupe au moment où la lune se levait ; longtemps après, nous entendions encore leurs voix fraîches et vibrantes s’envoyer des bonsoirs.

« Savez-vous ce que c’est que les bénédictins ? Nos bons Pères appartiennent à cet ordre, sur lequel je ne puis vous donner de bien savantes explications. Mais je sais qu’il n’y a pas un ordre, une croyance, un pays, qui ne puisse être fier d’hommes aussi excellents et aussi dévoués, comme de l’œuvre à laquelle ils consacrent leurs vies. »

Lady Barker fermera cette galerie de voyageuses, à laquelle pourraient s’ajouter encore bien d’autres noms contemporains, entre autres celui de Mme Dieulafoy, qui vient d’accompagner son mari envoyé en Perse par le gouvernement français, avec la mission d’y étudier les antiques monuments de ce pays.


FIN