contre lui, leur désappointement fut très amer. Le docteur Barth et
d’autres voyageurs parlent chaleureusement de cette infortunée tribu,
qui a presque autant souffert des Européens que des Arabes ; elle se
trouve dans les conditions les plus défavorables, entourée de tous
côtés d’ennemis qui la pressent. Sans cesse victime de chasseurs
d’esclaves, il n’est pas étonnant qu’ils observent avec soupçon et
traitent trop souvent avec férocité les étrangers qui traversent leur
Indigène du Nil Blanc.
pays ; il est assez naturel qu’ils les croient complices de ce trafic
infâme qui détruit peu à peu leur population.
Alexina Tinné atteignit enfin la jonction du Sobat et du Nil, et se décida à remonter cet affluent jusqu’à son plus haut point navigable, calculant que le voyage ne demanderait pas plus de sept à huit jours. La vallée du Sobat est beaucoup plus attrayante que le cours du Nil Blanc. Ses vastes pâturages, peuplés de troupes d’autruches et de girafes, s’étendent jusqu’aux limites extrêmes de l’horizon ; des éléphants errent librement dans ces plaines fertiles, et descendent le soir au fleuve pour s’y désaltérer. Les voyageuses prolongèrent pendant des semaines leur séjour dans cette vallée heureuse, et de là reprirent le Nil jusqu’au lac Nu, où il reçoit la masse énorme