l’Afrique ; il n’est pas étonnant qu’elles attirassent l’attention d’Alexina
Tinné. Elle semble avoir possédé une nature romanesque, une imagination aussi vive que son courage était audacieux. À Palmyre, elle
avait rêvé de Zénobie ; au Liban, elle songea à succéder à lady Hester
Stanhope ; et plus tard elle conçut l’idée de disputer les suffrages
de la postérité à Burton et à Speke, à Baker et à Livingstone. Elle
Désert de Korosko.
fut sans doute aussi tentée d’émulation par la flatteuse renommée de
Mme Pentherick, la femme du consul anglais de Khartoum ; mais son
principal désir fut de résoudre l’énigme du sphinx du Nil, et de
prouver qu’une femme pouvait réussir là où des hommes avaient
échoué. Quelle immortelle renommée lui appartiendrait si elle surmontait tous les obstacles pour parvenir, ce que nul Européen n’avait
encore fait, à la source mystérieuse d’où sortait le grand fleuve historique de l’Égypte ! Il faut avouer que, si c’était là son ambition, cette
ambition n’avait rien de bas ni de vulgaire.
Le départ eut lieu le 9 janvier 1862. Mlle Tinné était accompagnée de sa mère et de sa tante, sur lesquelles son caractère résolu exerçait