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PRINCESSE BELGIOJOSO

pouvoir se rappeler le nom du rendez-vous. Elle n’avait ni bagages ni provisions, il fallut passer la nuit dans le premier village qu’on rencontra, et de telles nuits sont terribles en Orient, où il faut tout porter avec soi sous peine de manquer du nécessaire.

Après un arrêt à Latakié, la princesse décrit avec charme la mosquée de Gubbletah. La légende de ce monument est touchante. Il y a six cents ans, un sultan nommé Ibrahim se dégoûta des grandeurs et résolut de se faire derviche. Il quitta sa capitale et
Nazareth.
erra dans son empire, vivant d’aumônes et cherchant une retraite. Le hasard le conduisit dans ce lieu. À quelques mètres du rivage de la mer, un ruisseau suit un cours tortueux qui embrasse une vaste prairie, au milieu de laquelle s’élève un arbre immense qui couvre de son feuillage la terrasse de la mosquée. Autour de soi on aperçoit d’un côté la mer, de l’autre des bosquets et les restes d’un amphithéâtre romain. Sultan Ibrahim résolut de finir ses jours en cet endroit et de s’y consacrer à la méditation et à la prière. Cette vie fut courte ; la légende ne dit pas quel événement la termina. Mais la mère du jeune sultan, désespérée, avait suivi les traces