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lui dire que tu avais échappé au sinistre avec sir William et nos cousins…

— Il est donc parti pour Québec, mon père ?

— Oui, les affaires du gouvernement l’ont rappelé, et il s’est embarqué hier à quatre heures, presque au moment… Oh ! que je t’embrasse !… Encore ! encore !

Et madame de Repentigny couvrait sa fille de baisers.

— Mais tu vas me manger, petite maman, disait celle-ci, en souriant à travers les douces larmes qui coulaient sur ses joues.

— Ah ! j’ai eu une si grande frayeur ! puis tellement craint de te perdre, ma pauvre enfant. Mais, écoute, mets ton chapeau, nous irons tout de suite à Notre-Dame-de-Bon-Secours offrir nos vœux à la sainte Vierge.

— Oh ! je le veux bien, maman.

— Je vais faire atteler. Dépêche-toi.

— Dans une minute, je serai prête.

Bientôt la mère et la fille sortirent dans un élégant carrosse à deux chevaux de la maison qu’elles habitaient, rue Sherbrooke, au pied même du mont Royal.

Madame Éléonore de Repentigny, née de Beaujeu, appartenait, et par ses ancêtres et par son alliance aux de Repentigny, à la plus haute noblesse franco-canadienne.

C’était une femme de trente-huit ans, simple, douce et bonne jusqu’à la faiblesse. Son mariage n’était pas heu-