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bien sûre que c’est elle qui a inspiré au sauvage l’idée de m’assister…

Léonie s’arrêta un instant, fit une courte prière mentale ; puis elle continua :

— Comme la destinée est donc singulière ! je rêvais justement d’aventures au moment où la catastrophe est arrivée. Je songeais même à l’Indien. Quel air noble il a ! quelle fierté dans ses traits !…

Surprise par cette réflexion, elle devint rouge comme une grenade et jeta autour d’elle un petit coup d’œil inquiet, craignant qu’il n’y eût dans la chambre quelqu’un qui l’observât.

— Enfin, reprit-elle comme pour chasser une pensée dont la convenance lui paraissait douteuse, heureusement que mon cousin et ma cousine Cherrier s’en sont tirés sains et saufs. Je me serais toujours reproché le mal qui aurait pu leur advenir, car c’est pour m’être agréables qu’ils sont descendus de Toronto à Montréal. Louise voulait que Xavier demeurât dans le Haut-Canada, jusqu’à ce qu’ils retournassent à la Nouvelle-Orléans. Elle a peur des troubles qui éclatent chaque jour à Montréal. Elle n’est pourtant pas poltronne, ma cousine ; mais elle aime tant son mari ! Ah ! ça doit être bien doux d’aimer quelqu’un ! Est-ce que le mariage donne l’amour ? Je m’imagine pourtant que je ne pourrai jamais aimer sir William ; il n’est pas méchant, mais si fat, si insupportable… Oh ! mais, je n’ai pas encore dit oui… Nous verrons…