Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/93

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 85 —

son gosier des notes ni plus ni moins fausses que la plupart des petites personnes de son âge et de son rang.

J’oubliais un point essentiel : Léonie de Repentigny dansait à ravir. Pas n’est besoin donc de dire que, de tous les plaisirs, le bal était celui qu’elle préférait.

« Bon cœur, mauvaise tête, » ainsi la qualifiaient dans leurs Bulletins les dames religieuses qui avaient fait son éducation.

Comme on a vu qu’elle était spirituelle, ce mot de ses institutrices nous dispense très à propos de nous appesantir davantage sur le caractère de notre héroïne.

Quoique élégant, son appartement n’offrait pas toutes ces futilités coquettes qu’une Française eût aimé à y trouver. Comme le sont, en général, les chambres à coucher américaines, y compris celles des dames dont la vie mondaine se passe au salon, et dont la chambre à coucher est un sanctuaire inviolable, même pour les domestiques mâles, la pièce occupée par Léonie de Repentigny était simplement meublée : on y remarquait un lit tendu en soie bleu-clair, comme les rideaux des fenêtres, une petite table à ouvrage, un rocking chair (sorte de berceuse), et quelques chaises en damas bleu de la même nuance que le lit et les rideaux.

Le plus grand luxe, c’était le tapis qui recouvrait le parquet. Ce tapis, à ramages blancs et bleus, provenait de nos meilleures manufactures françaises.