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La réouverture de la navigation signale, au Canada, la reprise des affaires ; alors chacun est d’autant plus avare de son temps que, durant l’hiver, les communications sont difficiles et la bonne saison très-courte ; aussi, comme les navires qui font alors les premières traversées sur le Saint-Laurent, le Montréalais était-il encombré de monde.

On y voyait pêle-mêle des Anglais, des Canadiens, des Écossais, des Irlandais, des Indiens, des Yankies ; des marchands, des trappeurs, des bateliers, des bûcherons, des pêcheurs ; des femmes de toutes les conditions, des toilettes distinguées et des vêtements en haillons, des physionomies avenantes et des figures hideuses ; mais par-dessus tout tranchait l’uniforme rouge anglais.

C’était un bataillon de la ligne que le gouverneur du Haut-Canada, sir Francis Head, expédiait de Toronto à Montréal, pour prêter main-forte à la troupe qui y était déjà casernée, car on appréhendait un soulèvement prochain.

Attroupés sur le pont, les passagers devisaient des événements politiques.

Quoique au premier aspect les races parussent confondues, un observateur n’aurait pas manqué de remarquer que les Anglais et les Écossais se rassemblaient d’un côté, les Canadiens-Français, les Irlandais et les Yankies de l’autre.

Ceux-ci s’étaient rangés à l’avant du vapeur, et ceux-là à l’arrière.