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Le Petit-Aigle amarra son canot à la poupe du steamboat et grimpa lestement sur le pont.

Après avoir salué le capitaine, il se mit au gouvernail.

Un coup de sonnette retentit, la machine du bâtiment lâcha des sifflements stridents ; ses deux hautes cheminées vomirent des torrents de fumée qui ondoyèrent, dans l’espace, comme deux panaches immenses ; un bruit sourd, des craquements s’échappèrent de ses entrailles, et le navire reprit sa course.

À cette époque, la navigation à vapeur était loin d’avoir reçu les merveilleux perfectionnements qui l’embellissent aujourd’hui.

Le Montréalais n’avait ni la grâce, ni la beauté, ni l’éclat de nos steamboats actuels. Il ne ressemblait pas plus aux palais flottants, à plusieurs étages, tout resplendissants de glaces, de dorures, qui sillent maintenant les eaux du Saint-Laurent, de l’Hudson ou du Mississipi, qu’un caboteur ne ressemble à un vaisseau de haut bord.

On n’y voyait pas de magnifiques salons, couverts de riches tapis, meublés avec un luxe féerique ; pas d’élégantes cabines presque aussi commodes que les chambres de nos maisons ; et surtout pas cette somptueuse chambre nuptiale (bride room) où les jeunes mariés américains aiment à couler leur lune de miel, en faisant un trip[1] vers quelque paysage renommé.

  1. Excursion.