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toires de chasse. Mais qu’elle prenne garde que le Petit-Aigle ne tombe sous la dent de ces loups-cerviers. La destinée de Nar-go-tou-ké était de venger les os de ses pères qui blanchissent encore sans sépulture, sur les bords des Grands-Lacs ; sa destinée s’accomplira.

— Nar-go-tou-ké permettra-t-il à sa femme de l’accompagner ? demanda la squaw d’une voix suppliante.

— Non, elle doit rester ici, répliqua la Poudre.

Ni-a-pa-ah laissa retomber sa tête sur sa poitrine, et des larmes emplirent ses paupières.

Cependant le sachem interrogeait Jean-Baptiste du regard.

Avec son bâton, l’autre figura un navire sur le sol.

— Ils s’embarquent pour traverser, Nar-go-tou-ké doit partir, dit le chef.

Il décrocha un fusil à deux coups, suspendit une hache et des pistolets à sa ceinture, plaça le fusil sous son bras, jeta sur ses épaules une robe de peau de buffle, et, serrant la main de sa femme, il lui dit :

— Les yeux de Ni-a-pa-ah ont été rougis par les pleurs qu’elle a versés ; mais Nar-go-tou-ké rougira la terre par le sang de ses ennemis, et un ruisseau de ce sang de lièvre paiera pour chacune de ses larmes. Que Ni-a-pa-ah se réjouisse donc ! qu’elle se rappelle qu’elle