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sans aboyer, et étirèrent paresseusement leurs membres.

— C’est Jean-Baptiste, dit Nar-go-tou-ké, en se tournant vers la porte.

Un individu entra en sautillant : un nain. Il n’avait pas plus de quatre pieds et demi de haut. Sa tête était énorme, son corps rabougri, fluet, ses jambes grosses et presque aussi longues que celles d’un homme de taille moyenne. Avec cela, elles étaient bancroches, tournées en dehors, de sorte qu’en marchant les pieds se trouvaient à angle obtus, et la gauche dépassait la droite de deux pouces au moins.

Ce pauvre petit être, si difforme, avait pourtant une figure intéressante et pleine d’intelligence. Mais, pour comble d’infortune, et comme si la nature ne l’eût pas assez maltraité, il était né sourd-muet.

Quels étaient les parents de Jean-Baptiste ? On l’ignorait. Un jour, plusieurs années avant les événements que nous rapportons, il était tombé, comme des nues, à Lachine[1], village situé exactement en face de Caughnawagha, sur l’autre rive du Saint-Laurent, et y avait fixé sa résidence dans un des magasins abandonnés de la Compagnie de la baie d’Hudson.

Les habitants de Lachine l’avaient baptisé Jean-Baptiste, du nom de leur patron national, et sobriquétisé le Quêteux, parce qu’il vivait d’aumônes.

  1. Voir la Huronne.