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aux luttes du corps, ses admirables talents oratoires, son inflexible stoïcisme dans les tortures, sa sérénité devant la mort.

À l’état demi-policé, il est hideux, hideux comme tous les monstres, parce que le Peau-Rouge n’a pas été, — je le dis hautement, — créé pour l’organisation sociale des Visages-Pâles. Nos missionnaires se sont trompés, ils ont été dupes de leur zèle, pour ne pas dire plus. Chez nous, près de nous, l’Indien s’étiole, s’avilit, se suicide lentement. C’est une plante exotique qui ne peut vivre dans notre atmosphère. Nous était-il permis, sous un prétexte politique, religieux ou autre, de le traiter comme nous l’avons traité ? Est-il permis aux Anglais de poursuivre cette œuvre meurtrière ? Problèmes redoutables, questions difficiles que je me suis souvent posés, mais pour la solution desquels je ne me crois pas assez autorisé.

Quoi qu’il en soit, en 1837, le village de Caughnawagha n’était ni mieux, ni plus mal construit qu’il ne l’est maintenant. C’était une réunion de cabanes, avec des toits de chaume ou de planches, d’un aspect repoussant. On les avait groupées près d’une chapelle où un prêtre catholique essayait, chaque dimanche, par des instructions dans leur langue, d’attacher les Iroquois à la religion du Christ.

À l’exception d’un petit jardin attenant au presbytère et de deux ou trois lopins de terre semés de maïs, nulle trace de culture autour des huttes. Mais çà et là des fla-