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la colonie, Québec, demeurait immobile dans son corset de remparts et de préjugés religieux ; tandis que ses plus nobles familles françaises acceptaient presque toutes sans murmurer le joug de la domination anglaise, et que beaucoup courtisaient leurs maîtres, adulaient Son Excellence le gouverneur général, les Montréalais ou Montréa-

    60 000 Français, ou le trouvera certainement remarquable. Quelques centaines de familles, presque toutes normandes ou bretonnes, ont originairement peuplé les vastes territoires qui composaient la Nouvelle-France. À la conquête, un grand nombre de familles se sont embarquées pour la France, et, depuis ce temps, il n’a pas été ajouté dix familles françaises à la colonie. Quelques individus isolés, aussitôt repartis qu’arrivés, ont, pour bien dire, à peine visité la Nouvelle-France, passée sous la domination de l’Angleterre. Malgré le nombre considérable de Français et de Belges qui émigrent en Amérique, il n’y a actuellement (1858) que 1 366 natifs de ces deux pays. Loin de gagner par l’immigration, la race française a, au contraire, constamment perdu par une émigration qui s’est faite dès l’origine et n’a cessé de se faire vers les États-Unis, les plaines de l’ouest et jusqu’à la Louisiane et au Texas… Bien plus, une émigration plus formidable s’est faite depuis quelques années. Des ouvriers par bandes, des familles de cultivateurs par essaims ont laissé le Canada, etc. !… »

    Les dilapidations insensées du trésor public, la corruption effroyable des hommes politiques, l’augmentation constante des impôts, la lourdeur de la dette coloniale, qui pèse de près de deux cents francs sur chaque tête d’individu, sont les principaux motifs de cette émigration. Quant à la fécondité des Canadiens, elle peut passer pour proverbiale. Les familles de douze ou quinze enfants sont communes. J’ai connu des femmes qui avaient donné le jour à vingt-cinq, et une à trente et un !