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Quant à la cité, elle, subit autant de métamorphoses que de progressions. La manufacture est supplantée par le magasin, qui sera supplanté à son tour par la maison bourgeoise, et peut-être en dernier lieu par la ferme. Montréal nous en présente un exemple frappant. Il y a un siècle, les comptoirs du commerce ne dépassaient pas la rue des Commissaires. La rue des Communes, qui s’annexe à elle, n’existait même pas. Mais là où prend pied le quartier Sainte-Anne, des moulins, des scieries, des fonderies, des forges fonctionnaient du matin au soir. Maintenant forges, fonderies, moulins immigrent, et des stores, des warehouses leur succèdent partout. Le négoce s’enfuit à tire d’ailes du marché Bonsecours vers les rues Saint-Paul, Notre-Dame, Saint-Jacques, et se précipite dans la rue Mac-Gill.

Avant vingt ans, il aura, nous en avons la conviction, déserté ses vieux foyers et inondé le quartier Sainte-Anne. Ses révolutions passées sont un criterium pour préciser ses révolutions à venir. L’abaissement lent mais continu du prix des loyers dans le faubourg Québec et leur élévation inusitée du côté du faubourg Saint-Antoine suffisent déjà à démontrer d’une façon concluante la justesse de cette assertion. L’achèvement du pont Victoria et l’établissement à la pointe Saint-Charles d’une gare centrale pour la compagnie du chemin de fer du Grand-Tronc, n’ont fait que hâter le transfert du centre commercial au quartier Sainte-Anne ou Griffinton, ce bour-