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Mais ces entrepreneurs, fabricants et manufacturiers sont les avant-coureurs du commerce. Celui-ci ne peut pas plus vivre sans eux, qu’ils ne peuvent vivre sans lui. Autour des usines se groupent promptement les magasins ; car, pour éviter les frais de transport, le consommateur se rapproche constamment du producteur. Bientôt les terrains enserrés par la manufacture montent : ils doublent, ils triplent de valeur. Non-seulement le propriétaire ou directeur comprend qu’il aurait avantage à vendre son emplacement et à transférer plus haut ses ateliers, mais il s’aperçoit de l’impossibilité pour lui d’augmenter ses moyens de production par un agrandissement de local, à cause de la cherté excessive des lots avoisinants.

Il déloge ; les chantiers l’accompagnent. La navigation, forcée de déposer ou prendre son fret près de ces chantiers, la navigation bon gré mal gré suit leurs mouvements. Le cours d’eau est-il trop peu profond, on le creuse ; est-il semé de rochers, on le drague ; est-il hérissé de récifs, de cataractes, on perce un canal, comme celui de Lachine au pied des rapides du Sault Saint-Louis ou Caughnawagha.

Et toujours, toujours la ville va refluant vers la source. Ne serait-il pas possible de découvrir dans ce phénomène la preuve de notre marche ascensionnelle aussi bien que la preuve de notre penchant à remonter des effets aux causes ?