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qu’il vague mollement à travers les quinconces de l’île Sainte-Hélène qui, telle qu’une corbeille de verdure, émerge de l’onde vis à vis de la ville, ou qu’avide et amoureux des champs, il saute à l’autre rive du Saint-Laurent, l’œil trouve cent sujets de plaisir, d’instruction, de rêverie, de délices.

C’est un spectacle enchanteur pour l’artiste nonchalant, insoucieux, et pour le spéculateur alerte, farci de chiffres.

Entendez le sifflement des steamers ! suivez ce double panache de fumée qui se balance au faîte de leurs noires cheminées ; voyez-vous dans cette atmosphère imprégnée d’odeurs résineuses et aquatiques, ou bien comptez ces boucauts de sucre, ces quarts[1] de farine, ces barriques de tabac, ces caisses, ces ballots de toutes sortes amoncelés sur les quais !

Partout l’activité, partout le travail intelligent, partout l’abondance.

Des hommes, des chevaux, des cabs, des cabrouets se pressent, se froissent, se heurtent. On dirait de l’entrepôt général du trafic du globe.

Mais laissons la rue des Commissaires où nous ramèneront vraisemblablement les incidents de notre récit.

En examinant Montréal à vol d’oiseau, nous voyons la

  1. Les Canadiens-Français nomment ainsi les barils de farine provisions, etc.