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dans la chambre de la malade. En quelques heures ils se comprirent. Le nain se prit d’affection pour la jeune fille.

Heureuse que son stratagème eût réussi, elle courut en informer Jean-Baptiste.

Il pleurait silencieusement, debout, appuyé sur son bâton, près de Ni-a-pa-ah agonisante.

Tout à coup la squaw se plaça sur son séant, promena autour d’elle un regard effaré qui n’avait plus rien d’humain, et elle psalmodia un chant bizarre, cadencé ; puis sa tête retomba sur le traversin.

Elle était morte.

Léonie se mit pieusement à genoux et pria devant le cadavre.

Quand elle eut fini, Jean-Baptiste l’entraîna dans une pièce voisine et lui dit par une pantomime éloquente :

— Je vais me faire mettre en prison ; puisque la femme de celui qui fut mon ami n’est plus, je veux travailler à délivrer leur fils.

Et, comme Léonie paraissait douter du succès, il dévissa la poignée de son bâton et montra à l’intérieur une cavité contenant plusieurs petites limes très-fines ; ensuite il referma cette cavité et indiqua ses jambes tortues dont il ne pouvait faire usage sans un appui, ce qui voulait dire que, si on l’incarcérait, on lui laisserait sa béquille.

— Mais comment obtenir l’incarcération à la citadelle ? demanda la jeune fille.