Page:Chevalier - Les derniers Iroquois, 1863.djvu/303

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 295 —

— Mon père, lui dit-elle vivement, on amène aujourd’hui des prisonniers à Québec !

— De quel ton tu me dis cela !

— Je voudrais…

— Assister à leur débarquement ? Rien de plus facile.

Je t’y conduirai moi-même. J’ai envie de voir la figure de ces imbéciles. Quelle heure est-il ?

— Dix heures.

— Ils ne seront pas ici avant onze. Va t’habiller ; tu as tout le temps.

Inquiète, mais presque joyeuse, la jeune fille eut bientôt fait sa toilette ; elle se transporta avec son père dans la Basse-Ville, sur le quai de la Reine.

Un navire à vapeur descendait le Saint-Laurent, en bas du cap Diamant.

Le cœur de la jeune fille battit avec force.

— C’est là qu’il est… chargé de fers… se disait-elle déjà.

Des pleurs montèrent à ses yeux, et il lui fallut se faire violence pour les comprimer sous ses paupières brûlantes.

— Ah ! ah ! disait M. de Repentigny, en frappant du pied, sais-tu qu’il fait froid, aujourd’hui ? Nos gaillards ne doivent pas avoir chaud dans la cale du bâtiment Pour ma part, je ne voudrais, ma foi, pas être à leur place. C’est qu’il gèle à pierre fendre ! Comme l’hiver arrive de bonne heure, cette année ! Si cela continue, dans