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dévoués à sa famille. Malheureusement, depuis la mort de Nar-go-tou-ké et le départ du Petit-Aigle, le pouvoir de Mu-us-lu-lu avait grandi. Par la séduction ou la terreur, il s’était gagné tous les Iroquois et avait rallié les dissidents à la couronne d’Angleterre.

Ce changement s’était surtout opéré pendant le séjour de Co-lo-mo-o à la baie de Ha-ha, et le jeune sagamo, revenu, il y avait une semaine au plus, et contraint de se cacher pour se soustraire au mandat d’amener qui le poursuivait, n’avait encore osé paraître à Caughnawagha.

Mu-us-lu-lu le savait dans les environs. Il mettait tout en œuvre pour le surprendre et le livrer aux Anglais.

Averti, par des espions, que le Petit-Aigle s’avançait vers Caughnawagha avec un gros bataillon de Canadiens, Mu-us-lu-lu, qui assistait alors au service divin, sortit de l’église et engagea les Iroquois à se porter au devant d’eux, comme s’ils étaient tout disposés à épouser leur cause.

— Vous les inviterez à boire et à se reposer, leur dit-il, et, quand ces damnés rebelles ne seront plus sur leurs gardes, nous les entourerons et les enchaînerons pour les mener au grand Ononthio[1], qui nous récompensera par des dons de poudre, de balles, de couvertes et d’eau de feu.

  1. C’est le nom donné par les Indiens au gouverneur du Canada.