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Co-lo-mo-o alla droit à lui et l’entretint pendant quelques minutes, en tournant fréquemment les yeux sur le sourd-muet, resté près de la porte.

— Si cela est, répondit à voix basse le grand-maître, il faut taire cette fâcheuse nouvelle et précipiter le soulèvement. Vous irez cette nuit à Beauharnais et profiterez de l’exaspération causée par les dernières arrestations pour entraîner les habitants à Montréal.

— J’irai, dit le Petit-Aigle.

— Vous tâcherez d’arriver dans la matinée de dimanche, au moment de la messe. Les troupes seront à leurs temples ; nous nous jetterons sur les casernes pour y prendre les armes qui nous manquent.

— Bien.

— Et si vous rencontrez Robert Neilson[1], qui doit s’approcher par Napierville, avec une bande d’Américains, vous l’engagerez, de tout votre pouvoir, à vous suivre à Montréal. Nous jouons notre dernier coup, mais avec grande chance de gagner. Les atrocités de Colborne et de ses séides ont tourné de notre côté les partisans du gouvernement eux-mêmes. Allez donc, jeune Aigle, et recommandez à Jean-Baptiste de ne point faire mention du billet qu’il a perdu. Dimanche, à dix heures, nous vous attendrons à Montréal.

Co-lo-mo-o sortit en emmenant avec lui le sourd-muet.

  1. Il s’agit ici du frère de celui qui combattit à Saint-Denis.