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— Oh ! non, non, ma petite tante chérie, ne le faites pas, je vous en conjure !

— Mais voici la saison qui avance, et ton père va te rappeler…

— Attendons encore un peu.

De la sorte, on atteignit octobre.

— Ma pauvre enfant, dit un matin madame de Vaudreuil à sa nièce, j’ai reçu une lettre de M. de Repentigny. Il arrivera d’un moment à l’autre pour te chercher. Qu’allons-nous faire ?

Ce fut un coup de foudre qui arracha Léonie à son beau rêve.

Elle resta anéantie.

— Eh bien ! dit-elle ensuite d’un ton décidé, aujourd’hui je m’expliquerai avec Paul.

Après le déjeuner il vint, à son habitude, la prendre pour faire leur promenade accoutumée sur le bord du fleuve.

Le temps était triste, brumeux ; un tapis de feuilles sèches, criant aigrement sous les pieds, brunissait la terre. Comme des spectres, les arbres dressaient partout leurs rameaux décharnés. Au joyeux ramage des chantres de la forêt, succédaient les cris discords des oiseaux aquatiques. L’automne en deuil menait déjà les funérailles de l’été.

Durant une heure, Léonie marcha silencieusement à côté de Co-lo-mo-o.