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Madame de Vaudreuil l’invita maintes fois à dîner, sans pouvoir lui faire accepter ses invitations. Instances, prières, menaces familières, tout fut inutile.

Léonie s’aveuglait-elle sur la nature des sentiments du chef iroquois pour elle, ou pénétrait-elle jusqu’au fond de son cœur, et y démêlait-elle une passion puissante qui se débattait contre une volonté plus puissante encore : qui le pourrait dire ?

Toutefois la santé de mademoiselle de Repentigny s’améliora rapidement. Elle reprit des couleurs, des forces. Bientôt elle put sortir, faire avec Paul des excursions dans le voisinage, et boire à longs traits cette coupe d’amour que lui versait libéralement sa brûlante imagination de jeune fille.

Pourtant l’Indien s’obstinait dans sa réserve. Jamais un serrement de main, jamais un regard humide, jamais un mot de tendresse. Une fois, comme il l’aidait à franchir un fossé, Léonie, dans les bras du jeune homme, avait cru sentir qu’il frémissait. C’était tout. Il lui obéissait comme un esclave, la servait comme un ami, et s’en tenait là.

Informée de toutes les impressions de sa nièce, madame de Vaudreuil était en proie à un étonnement douloureux qu’elle se gardait bien de manifester.

— Cela ne peut cependant pas durer indéfiniment, il faut qu’il se déclare, dit-elle à Léonie. Veux-tu que je lui parle ?