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avec cette île au premier plan, au second cet esquif qui vole à la crête des flots, ce troupeau de daims qui paît sur la grève, et à l’horizon ces pies altiers.

— Oui, répondit négligemment Léonie.

— Me le composeras-tu, quand tu seras rétablie ?

— Le composer… quand je serai rétablie… répéta la jeune fille avec un pâle sourire.

Madame de Vaudreuil regardait toujours le canot, qui s’avançait vers le baie ; et le visage de la bonne dame changeait de couleur. Elle tremblait sur son siège.

— Mon Dieu ! se disait-elle intérieurement, si c’était lui !

L’embarcation était montée par deux hommes, mais leurs costumes n’étaient pas encore distincts.

— Je vais fermer la croisée, ma fille, car il commence à faire froid, dit madame de Vaudreuil.

Sans répondre, Léonie rejeta la tête sur son oreiller et ferma les yeux comme pour dormir.

Sa tante, ayant fermé la fenêtre, sortit de la chambre sur la pointe du pied, puis elle se munit d’une longue-vue, descendit vers le rivage, et se prit à examiner le canot.

— Le Montagnais ! s’écria-t-elle aussitôt. Il est accompagné d’un Indien. Ce doit être… lui ! Léonie est sauvée ! Ô ma patronne, ma divine patronne, vous avez entendu mes prières, soyez bénie !… Mais il ne faut pas que Léonie apprenne subitement… la joie la tuerait…