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M. de Vaudreuil était allé vaquer aux affaires de son négoce dans le Nord-ouest. Par conséquent, Léonie se trouva seule avec sa tante et quelques domestiques, au milieu d’un pays presque désert.

Rien n’invite plus aux confidences que le tête-à-tête : madame de Vaudreuil pensait, avec raison, que la mort de sa mère n’était pas la cause unique du noir chagrin qui dévorait Léonie. Sans laisser percer ses soupçons, sans prétendre non plus s’imposer comme confidente, elle l’invita doucement, dans leurs longues promenades sur le bord du Saguenay, à lui faire des aveux.

Un premier épanchement en entraîna un autre, puis un autre, puis Léonie ouvrit tout à fait son cœur. Il est si bon de parler de ce que l’on aime !

Madame de Vaudreuil n’avait point de préjugés. Cependant la passion de sa nièce pour un Indien, pour un sauvage, lui fit peur. Elle craignit que celui qui l’avait inspirée n’en fût indigne, ou qu’il n’y répondit pas.

— Oh ! s’écria Léonie, il est beau, il est brave, il est juste ! il m’aimera, j’en suis sûre !

— Mais ton père ne consentira jamais à une mésalliance !

— Que Paul m’aime, répondit résolument la jeune fille, et si mon père ne veut pas nous accorder son consentement, nous irons nous marier aux États-Unis.

Mais Paul ou Co-lo-mo-o, si on le préfère, l’aimait-il ?