— Oui, parce que le chef nous a abandonnés.
— Ah ! ce Brown, je m’en doutais ! répliqua amèrement Poignet-d’Acier. Pourquoi aussi tous les postes importants n’ont-ils pas été confiés à des Canadiens-Français ?
— Hélas ! notre trop grande confiance nous a toujours perdus ! murmura Chénier.
— Donnez-nous des détails, reprit le capitaine.
Co-lo-mo-o raconta ce qui avait eu lieu, le 25 novembre, à Saint-Charles, mais sans dire qu’il était tombé au pouvoir des vainqueurs.
— Où pensez-vous que soient maintenant MM. Papineau et Neilson ? s’enquit Chénier.
— Le premier, répondit le Petit-Aigle, doit être réfugié aux États-Unis ; quant au second, je crois qu’il a été pris sur la frontière et ramené à Montréal.
— Alors, c’en est fait de nous ! s’écria Chénier, se laissant tomber sur un siège et enfouissant sa tête dans ses mains.
— Non, non, ce n’est pas fini ! dit Poignet-d’Acier. Neilson, malgré son courage, malgré son dévouement, est encore de la race maudite. Pour moi, son arrestation ne m’inquiète guère. Mais je suis heureux d’apprendre que Papineau est aux États-Unis. Plus que jamais nous devons résister, car il ne tardera guère à reparaître sur les bords du Saint-Laurent avec une puissante armée américaine. Soyez assurés, mes amis, que si nous pouvons tenir encore huit