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— Mais, monsieur, vous ne songez donc pas aux veuves, aux orphelins, à tous ces malheureux que votre folle témérité plonge dans les larmes et l’affliction ? Vous ne pensez donc pas à Dieu qui vous voit, qui vous juge…

Le capitaine poussa un éclat de rire démoniaque.

— Oui, qui vous juge et qui vous condamne ! poursuivit le prêtre avec une énergie croissante. Il vous condamne, ce Dieu tout-puissant ! Il frappe les insensés qui ont allumé le brandon de la guerre civile ; car ils viennent d’essuyer une sanglante défaite !

— Vous mentez ! s’écria Poignet-d’Acier d’un ton cassant.

Et il se leva, marcha sur le curé.

— Arrêtez ! arrêtez ! dirent les assistants en se levant à leur tour.

— Laissez cet homme ! laissez-le ! dit l’ecclésiastique, sans s’émouvoir. La fureur l’aveugle. Mais il ouvrira les yeux. Qu’importe qu’il me batte, pourvu qu’ensuite il rentre en lui-même, qu’il cesse de vous conduire à l’abîme !

Mais qu’y a-t-il ? demanda le docteur Chénier.

— Il y a, mon fils, une nouvelle affreuse. Les royalistes ont écrasé votre parti à Saint-Charles, le 25 novembre !

— Cela n’est pas ; cela n’est pas ! intervint Poignet-d’Acier ; cela n’est pas ; fausseté que votre langage, prê-