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dien m’a sauvé la vie, dans la catastrophe du Montréalais, tu le sais. Cet Indien est prisonnier parmi ceux qu’on nous amène. Il faut le délivrer. Tu le délivreras, n’est-ce pas ?

— Je ferai tout ce que vous voudrez, ma chère sœur, mais le moyen ?

— Le moyen ? Il y en a un. On enfermera les captifs dans la basse-cour. Ils n’y sont pas encore. Glisse-toi parmi eux. Dis un mot à l’Indien. Passe-lui un couteau. Il fait presque nuit. La chose n’est pas impossible. Tu porteras la clef de la basse-cour au commandant de détachement qui conduit ces pauvres gens. On ne se défiera pas de toi. Puis tu offriras du vin aux soldats, et, dans la nuit, quand ils seront ivres, tu ouvriras la porte de la basse-cour, qui donne sur le parc ; m’as-tu comprise ?

— Oui, oui, oui, soyez tranquille, votre protégé s’évadera ou je perds mon nom.

— Dépêche-toi, j’attendrai le résultat dans ma chambre.

Antoine partit.

Nous renonçons à peindre l’anxiété dont Léonie fut dévorée pendant les cinq heures qui s’écoulèrent jusqu’à son retour.

— C’est fait, dit-il ; il est échappé.

La jeune fille se prosterna pour rendre grâces à Dieu ; puis, se relevant, elle alla, sur la pointe du pied, souhaiter le bonsoir à sa mère, avant de se coucher.