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— Le feu ! exclama la jeune fille en retournant, malgré elle, à la croisée.

Une scène nouvelle l’attendait.

Incendiant le village, les Anglais dansaient et proféraient des hurlements forcenés.

Et, à la lueur des flammes, Léonie vit une troupe de soldats qui se dirigeaient vers leur maison, en chassant à coups de plat de sabre et de crosses de fusil une longue file de prisonniers, parmi lesquels, à son costume pittoresque, quoique noirci par la poudre, maculé de sang et réduit en lambeaux, on remarquait Co-lo-mo-o.

Le jeune homme marchait d’un pas ferme, sa contenance était digne.

En l’apercevant, Léonie, qui l’avait cru mort, ne put retenir un cri de joie.

— Ma fille, lui dit madame de Repentigny en essayant de sourire, je voudrais être seule quelques instants. Va te reposer !

Après un long baiser, Léonie sortit.

— Marthe, dit alors la malade à sa femme de chambre, je sens que je me meurs ; cours chercher M. le curé, mais que l’enfant l’ignore.

Pendant ce temps, un domestique annonçait à mademoiselle de Repentigny qu’un officier anglais désirait l’entretenir dans le parloir.

Elle y descendit.

— Je vous demande mille pardons de vous déranger,