age pour s’aventurer à courir de nouveau le risque de brûler vive ou d’endurer tous ces tourments. »
Mais Ni-a-pa-ah eut le bonheur d’échapper à ce surcroît d’afflictions.
Nar-go-tou-ké n’avait été qu’étourdi par le coup de tomahawk. Resté esclave chez les Grosses-Babines, il parvint à leur arracher sa femme lorsqu’elle fut guérie de ses plaies, quoique hideusement défigurée et incapable de se servir désormais de ses mains.
Ils prirent la fuite, retraversèrent les steppes immenses qu’ils avaient franchis naguère bercés par des illusions si enivrantes, et rentrèrent à Caughnawagha, au commencement de 1817.
— Ah ! dit la Vipère-Grise, en remarquant le triste état de sa fille, Athahuata[1] m’avait prévenue que cette expédition serait fatale à ma famille ; Athahuata ne trompe pas ceux qui ont foi en lui. Pourquoi mon fils ne m’a-t-il pas écoutée ?
Sans lui répondre, Nar-go-tou-ké abaissa un regard sombre et douloureux sur Ni-a-pa-ah ; puis, relevant les yeux et étendant la main dans la direction de Montréal, qu’on apercevait dans le lointain, il s’écria :
— Là sont les destructeurs de ma race ; là sont ceux qui ont fait pleurer celle qui est la joie et les délices de mon existence ; là, Nar-go-tou-ké détruira ses ennemis ; il
- ↑ Divinité des sorciers iroquois.