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ils prendront des fourches ou des fléaux ! Quand un peuple veut sa liberté, il trouve dans son cœur ses meilleures armes ! N’est-ce point votre avis ?

Et comme Co-lo-mo-o demeurait silencieux :

— Allons, allons, continua-t-il, tout est pour le mieux. Il ne nous reste qu’à profiter de l’enthousiasme pour marcher immédiatement sur Montréal. Une fois cette métropole à nous, le Canada nous appartient. Maîtres du Canada ! Quel rêve ! et comme voluptueusement j’assouvirai ces vengeances qui fermentent là, depuis tant d’années… des siècles de torture ! poursuivit-il, d’un ton creux, en se frappant le front de son poing crispé. C’est que, moi aussi, j’ai souffert, s’écria-t-il, comme s’il cédait à un invincible besoin d’expansion, souffert le martyre, pour ces Anglais qui m’ont séduit ma femme, violé ma fille, mon unique enfant, mon Adèle chérie[1] ; ces Anglais qui ont armé mon bras pour le meurtre et le parricide… Horreur !

— Mon frère trouvera un bras, un bras infatigable pour frapper à côté de lui, dit tout à coup Nar-go-tou-ké en paraissant au bout du mur du parc, près duquel Poignet-d’Acier se tenait avec Co-lo-mo-o.

— Que faisais-tu là, mon frère ? demanda le capitaine.

— Nar-go-tou-ké a vu le fils de son ennemi. Il l’épiait, répondit le sagamo.

  1. Voir la Huronne.