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— Cela m’est impossible, mon ami. Mais je vous enverrai le jeune Aigle.

Co-lo-mo-o voulut protester.

— Allons, venez, lui dit Poignet-d’Acier ; j’ai à vous parler.

— Cependant, monsieur, je vous déclare…

— Et moi, je vous déclare que vous acceptez l’invitation de mademoiselle, reprit gaiement le capitaine. — Parbleu, ajouta-t-il, nous savons, monsieur le sagamo, que vous avez reçu une instruction aussi brillante que la plupart de nos jeunes gens de bonne famille ; nous savons que vous pouvez prendre, quand il vous plaît, des manières aussi courtoises que pas un de nous, et nous certifions enfin que vous pouvez être un guerrier illustre chez les Iroquois, un général habile chez les blancs, et, partout un homme agréable en société.

Ayant dit, Poignet-d’Acier salua et entraîna le Petit-Aigle, moins touché peut-être par la flatterie adressée à sa vanité indienne que par les éloges donnés à ses mœurs policées.

— À présent, mon brave jeune homme, lui dit le capitaine, faites-moi votre rapport. Soyez bref, mais précis. Quel est l’esprit de la population à Québec ?

— Sur Québec, monsieur, répondit Co-lo-mo-o, il ne vous faudra pas trop compter. Corrompus par l’or de l’Angleterre ou éblouis par le faste de la cour vice-royale, les habitants n’ont ni l’idée de l’indépendance, ni la fer-