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Une troupe de chasseurs nord-ouestiers s’y montrait aussi.

Reconnaissables à leurs proportions herculéennes, à leurs visages tannés, aux pelleteries dont ils étaient couverts, les nord-ouestiers parcouraient la multitude en tous sens. Ils la talonnaient, l’aiguillonnaient, enflammaient ses plus sauvages passions.

De temps en temps, l’un d’eux levait la tête vers un petit groupe, debout sur une éminence, qui dominait la plaine, recevait un signe et poursuivait son œuvre incendiaire vers un point de la réunion ou vers un autre.

Quatre individus composaient le groupe : Poignet-d’Acier ou Villefranche, comme on l’appelait à Montréal ; Nar-go-tou-ké, Xavier Cherrier, et un jeune homme imberbe, à la figure rosée, élégamment vêtu, qui lui donnait le bras.

L’air timide, quelque peu craintif, de ce jeune homme contrastait singulièrement avec les mines hardies, rébarbatives de la plupart des assistants.

— Pour Dieu ! ne tremblez pas comme cela, mon cher Léon ; il n’y a rien à redouter, et vous allez vous trahir, lui disait Xavier à mi-voix.

— Oh ! mais c’est que tout ce monde-là semble terrible ! répondit l’adolescent, en frémissant.

— Il fallait bien vous attendre à ne point trouver la société gracieuse et polie de votre salon.

— Dites donc, mon cousin ; mais si on se battait !