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diens. Ils se regardent, ils s’étonnent ; ils se comptent. J’entends fourbir des armes.

l’Ami du peuple, journal rédigé en français, à Plattsburg, sur la frontière des États-Unis, lance un appel :

« Canadiens, s’écrie-t-il, on travaille à vous forger des chaînes. Il semble que l’on veuille vous anéantir ou vous gouverner avec un sceptre de fer. Vos libertés sont envahies, vos droits violés, vos privilèges abolis, vos réclamations méprisées, votre existence politique menacée d’une ruine totale !

« Voici que le temps est arrivé de déployer vos ressources, de montrer votre énergie et de convaincre la mère-patrie et la horde qui, depuis un demi-siècle, vous tyrannise dans vos propres foyers, que si vous êtes sujets vous n’êtes pas esclaves. »

Elles avaient de l’écho dans la colonie, ces nobles paroles, car, en les reproduisant, le Spectateur de Montréal ne craignait pas d’ajouter :

« La patrie trouve partout des défenseurs, et nous ne devons pas encore désespérer de son salut. »

Son salut ! À quel degré de misère la Grande-Bretagne l’avait-elle donc réduite, cette riche contrée, pour que les Canadiens en fussent arrivés à douter de leur salut ?

Ah ! que de larmes, que de larmes de sang ils ont versées ces malheureux frères que la catinerie de Louis XV a lâchement vendus à l’étranger !

Mais l’insurrection commence. Elle est sourde, timide,