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— Mon frère, répliqua, sévèrement Poignet-d’Acier, qui veut la fin veut aussi les moyens.

— Le chef blanc dit vrai, mon père, ajouta Co-lo-mo-o. Sous mon costume je serais reconnu soit à Montréal, soit à Québec. Il vaut mieux en mettre un autre.

— D’ailleurs, dit le premier, ce ne sera que pour un temps. Aussitôt sa mission remplie, le jeune aigle reprendra sa couverte nationale.

— Qu’il fasse donc comme il lui plaira, pourvu que son bras ne soit jamais fatigué quand la hache de guerre sera une fois déterrée, fit Nar-go-tou-ké d’une voix vibrante.

— Je me porte garant pour sa valeur ! dit Poignet-d’Acier, en posant familièrement sa main sur l’épaule du jeune Iroquois.

Moins d’une heure après, une vingtaine d’hommes seulement demeuraient encore sur l’île au Diable.

Les autres, après avoir regagné le bord méridional du Saint-Laurent, s’étaient disséminés en petits groupes, par différents chemins, dans les campagnes environnantes.

Co-lo-mo-o, vêtu en colon des États de l’Amérique du Sud, coucha dans les bois de Saint-Lambert, hameau situé au bas de Laprairie, tout à fait vis à vis de Montréal.

Le lendemain, il déjeuna dans une ferme et traversa le fleuve sur le bateau à roues mues par des chevaux, qui faisait alors le service entre les deux rives.