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Ils le savent, ceux qui m’ont accompagné des déserts de la Colombie jusqu’ici. Deux fois, j’ai possédé des richesses si grandes que j’aurais pu acheter tout le Canada aux tyrans qui l’oppriment et qui le vendraient s’ils en trouvaient un prix capable de satisfaire leur cupidité ; mais, deux fois, mes trésors m’ont été enlevés au moment où je les rapportais pour vous délivrer de l’infâme tyrannie sous laquelle Canadiens et Indiens, Irlandais et même Anglais, vous gémissez. Cependant, quoique ruiné, je n’ai jamais perdu l’espoir. N’avais-je pas avec moi des hommes intrépides, dévoués jusqu’à la mort ?

— Oui, oui ! s’écrièrent divers individus dans la foule. L’orateur poursuivit, en s’animant par degrés :

— Nous sommes entrés au Canada : on nous a proscrits ! Nous avons demandé justice : on a mis nos têtes à prix ! Nous avons protesté : on a tiré sur nous ! Eh bien, mes amis, que fallait-il faire ? Profiter de l’exaspération publique, nous unir aux membres du parti libéral ; nous entendre avec les chefs de ce parti, les Papineau, les Neilson, les O’Callaghan, les Bédard, les Morin, les Viger, et prendre une heure pour déployer partout, dans le Haut comme dans le Bas-Canada, l’étendard de l’indépendance !

— Hourrah ! hourrah ! hip, hip, hip, hourrah ! vociféra l’auditoire enthousiasmé.

— Cette heure, reprit le tribun, elle va sonner. Approuvez-vous mon alliance avec les patriotes de la province ?