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prévoir que la félicité lui tresserait longtemps des couronnes parfumées, car les deux conjoints s’aimaient tendrement, lorsque leur quiétude fut à jamais troublée par un coup du sort.

Nar-go-tou-ké était ambitieux. Élevé près d’une grande ville, il avait reçu quelque instruction, et, quoique l’ennemi des blancs, il ne répugnait point aux plaisirs que procure la civilisation.

Une fois marié, son penchant pour ces plaisirs augmenta. Mais il était pauvre, comme la plupart de ses compatriotes, plus riches en traditions glorieuses qu’en biens personnels. Pour lui, c’eût été s’abaisser que de demander la fortune aux moyens que nous employons ordinairement.

Après avoir médité, il résolut de s’enfoncer dans le désert et d’y entreprendre, pour son compte, la traite des pelleteries.

Nar-go-tou-ké communiqua ce dessein à sa jeune femme. Ni-a-pa-ah ne voyait que par les yeux de son mari. Elle l’encouragea même dans ses projets, car elle désirait vivement visiter le pays de leurs ancêtres, les Grands-Lacs, célèbres par les nombreux exploits guerriers des Iroquois.

Ils partirent donc, malgré les prédictions redoutables de la Vipère-Grise, qui leur déclara que le malheur les attendait au-delà des sources de Laduanna[1].

  1. C’est ainsi que les Iroquois appellent le Saint-Laurent.