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Nar-go tou-ké ne lui donna pas le loisir d’achever.

— Qu’importe ! s’écria-t-il. Mon fils nous a vendus en montrant notre refuge à cette squaw de malheur. Il périra avec elle.

— Il est vrai que les règlements de notre association décrètent la mort contre les délateurs et les profanes, dit un Canadien-Français ; mais avant de condamner ce jeune homme, on devrait l’entendre.

— Mes règlements à moi, riposta impétueusement la Poudre, sont qu’il est mon fils, qu’il a manqué au respect qu’il me devait en amenant ici cette fille, et que, pour le punir, je vais le tuer comme il le mérite.

— Si je vous ai manqué de respect, je suis prêt à subir mon châtiment ; mais épargnez Hi-ou-ti-ou-li, dit bravement Co-lo-mo-o.

— Épargner le vil rejeton de Mu-us-lu-lu ! Non ! non ! dit aigrement Nar-go-tou-ké.

Et deux petits coups secs résonnèrent.

L’irascible sagamo venait d’armer son fusil.

— Grâce pour Co-lo-mo-o ! grâce pour votre fils ! supplia Hi-ou-ti-ou-li en se jetant à ses genoux ; grâce pour lui, je vous en conjure ! Moi, je ne découvrirai pas votre secret, je l’ai juré… Si vous doutez de la parole d’Hi-ou-ti-ou-li, sacrifiez-la, et ne faites pas de mal à Co-lo-mo-o !

— Il faut délibérer, dirent plusieurs voix.

Nar-go-tou-ké ne les entendit pas. Il ajusta le Petit-Aigle, toujours calme, impassible, et pressa la détente. Le