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Pourtant l’on n’aperçoit plus dans l’espace les policemen. À peine la cime des arbres de l’île où ils ont débarqué est-elle encore visible

Co-lo-mo-o réfléchit.

Il faut se décider, et promptement : de plus en plus on approche des rapides, et voilà que les cageux se hâtent de diviser leur train en plusieurs parties, suivant l’habitude, afin qu’il ne soit pas rompu par les écueils, en descendant la cataracte.

Que faire ? se confier à eux. C’est la dernière chance de salut. Il n’y a plus à hésiter.

Co-lo-mo-o en prend la résolution. La perspective de la prison est encore préférable à une mort imminente.

Il dresse la tête ; il fait un mouvement pour se hisser sur la cage ; le bruit d’un canot frappe son oreille.

Suspendu à l’un des bois flottants, Co-lo-mo-o se retourne, plein de rage, prêt à replonger dans l’abîme et à périr dans son sein, plutôt qu’à se livrer aux ennemis de sa race.

Mais non, le brave Iroquois ne succombera pas ainsi ; non, il ne languira pas cette fois dans un noir cachot.

— Vite ! vite ! mon frère ! lui crie une voix inquiète. Un des cageux répond :

— Eh ! où diable va-t-on comme cela, la belle ? As-tu envie de sauteries rapides avec nous ? Au moins, viens ici, près de moi, tu seras plus en sûreté que dans ta coquille de noix.