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pensées de sa fille. L’apparition aussi ridicule que peu séante de l’officier était pour elle un motif de grave contrariété. La cause de son emplumement, elle la devinait. Mais c’était un sujet délicat à traiter avec une jeune personne. Elle appréhendait le moment où Léonie allait faire ses réflexions à cet égard. Méditant les réponses les plus convenables qu’elle pourrait opposer à ses commentaires, elle était enchantée de voir son esprit occupé ailleurs.

Malheureusement, la chambre de Co-lo-mo-o n’était séparée de la salle que par une légère cloison, à travers laquelle on percevait tout ce qui se disait, à voix haute, dans l’une ou l’autre pièce, et Léonie, qui avait reconnu sir William aussi bien que sa mère, avait entendu ces mots :

— Les misérables ! ils voulaient me brûler à petit feu !

— Regarde la jolie coupe, comme elle est coquettement tournée, dit madame de Repentigny.

— À propos, dit Léonie, que peut-il être arrivé à sir William ?

— Mais, je ne sais trop, balbutia madame de Repentigny ; les sauvages n’aiment pas les Anglais.

— Ah ! mon Dieu ! l’ont-ils arrangé ! dit Léonie en détournant la tête pour cacher un sourire.

La voix du grand connétable répondit :

— Croyez, sir William, que justice vous sera faite. Nous ne souffrirons pas qu’un brave officier de l’armée britannique soit indignement maltraité par une populace…