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Pour large ou luxueuse, de vrai, la couche ne l’était guère : des planches de pin, très-minces, pliantes, avec, une natte de jonc recouverte de peaux d’ours. Des moulures délicates, en noyer tendre, n’en ornaient pas moins le devant du châlit, posé sur des pieds crochus, habilement sculptés.

Il remplissait tout un côté de la chambre.

Dans l’embrasure de l’unique fenêtre, garnie d’un rideau tricoté avec une sorte de laine en poil de martre, on voyait un tour et ses accessoires. Auprès, une petite forge, son enclume, ses étaux, et, en face du lit, un établi de menuisier.

Entre la porte et l’établi, une table à écrire, surmontée d’une bibliothèque exiguë, mais composée avec un certain art. Les œuvres de Shakespeare, Byron, Thomas Corneille, Molière, La Bruyère, les premiers romans de Cooper et de Walter Scott s’y faisaient remarquer, parmi des ouvrages de théologie.

Quelques aquarelles et dessins, bien réussis, signés Paul (on se souvient que c’était le nom chrétien de Co-lo-mo-o), comblaient avec des trophées d’armes sauvages et civilisées les intervalles inoccupés.

Quatre chaises, à fonds de bois brun bordés en jaune, étaient rangées dans les angles.

Le plancher, lavé avec le soin scrupuleux d’une ménagère hollandaise, brillait d’une blancheur aussi éclatante que l’ivoire.