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ciselé au tour. Dans le cadre de cette chevelure, ressortent les linéaments d’un visage où la fierté habituelle de l’expression le dispute à une mélancolie passagère. Si les lignes de sa figure manquent jusqu’à un certain point de symétrie ; si elles sont un peu dures, il s’échappe de ses grands yeux bruns un rayon de sensibilité qui va droit au cœur.

La richesse de sa taille porte le trouble dans les sens. Elle rappelle les meilleurs modèles de l’antiquité. Une Européenne envierait ses mains menues et longues ; leurs attaches sont souples, ainsi que celles de sa jambe, fine, nerveuse, qui annonce l’agilité jointe à la vigueur.

Au cri de souffrance lâché par cette superbe créature, répondit un cri d’angoisse.

Il fut proféré par l’Indien lié à l’arbre dont nous avons parlé.

Le malheureux fît une puissante mais vaine tentative pour briser ses entraves.

La femme et lui s’échangèrent un profond regard, — regard d’anxiété, de consolation, d’espérance et d’amour, — puis, elle se jeta à bas du bûcher.

Alors, elle opéra un mouvement pour voler vers lui. Mais, des mains rudes, lourdes comme le métal, s’abattirent sur ses épaules et la retournèrent brusquement vers le feu.

— Que ma sœur remplisse son devoir comme il convient